L’entreprise américaine de puces électroniques Nvidia est devenue, le 29 octobre, la première au monde à dépasser les 5 000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Une ascension fulgurante portée par la révolution de l’intelligence artificielle, qui propulse le concepteur de puces au rang de leader incontesté de la tech mondiale.
Une valorisation historique alimentée par l’essor de l’IA
Il n’aura fallu que trois mois à Nvidia pour passer de 4 000 à 5 000 milliards de dollars de valorisation. Ce seuil historique, franchi mercredi 29 octobre à Wall Street, s’est accompagné d’un nouveau record pour le cours de l’action, à plus de 210 dollars, en hausse de 5 %, nous informe Le Figaro. L’entreprise, bien connue des amateurs de jeux vidéo pour ses processeurs graphiques (GPU), est désormais valorisée à un niveau supérieur aux PIB de tous les pays du monde, exceptés les Etats-Unis et la Chine.
L’envolée du titre s’explique avant tout par l’explosion de la demande en intelligence artificielle. Les puces de Nvidia sont devenues indispensables pour alimenter la puissance de calcul nécessaire aux grands modèles de langage et aux applications d’IA générative. Depuis 2023, chaque nouvelle étape de valorisation a été franchie à un rythme inédit : 1 000 milliards en mai 2023, 2 000 en mars 2024, 3 000 en juin, 4 000 en juillet 2025, puis 5 000 en octobre.
Cette croissance témoigne de la domination de Nvidia dans un secteur où même Microsoft (4 000 milliards) et Apple peinent à suivre. À la Bourse de New York, le groupe dirigé par Jensen Huang pèserait désormais, selon Rfi, davantage que Meta, Tesla et Netflix réunis.
Une série d’annonces stratégiques dans le domaine de l’IA
Le franchissement du seuil des 5 000 milliards a été précédé par une série d’annonces lors de la conférence mondiale GTC de Nvidia. Jensen Huang y a notamment dévoilé la mise à jour d’une architecture de puce pour « Blackwell« , qui constitue avec « Rubin« , leurs modèles dernières générations. Ceux-ci sont destinés à fournir une puissance inédite aux applications d’IA. Huang a également présenté NVQlink, une plateforme combinant informatique classique et quantique.
Le PDG a affirmé que la société avait enregistré près de 500 milliards de dollars de commandes liées à ces nouvelles architectures, qui seront livrées dans les cinq prochains trimestres. Ces montants représentent, selon l’analyste Dan Ives de Wedbush, « plus de cinq fois la valeur dégagée par l’ancienne génération de GPU (Hopper) sur l’ensemble de son cycle de vie ».
Nvidia a aussi multiplié les alliances : une prise de participation de 2,9 % dans Nokia pour un milliard de dollars afin de soutenir le passage de la 5G à la 6G, et un partenariat avec Uber, Stellantis, Lucid et Mercedes-Benz pour développer une flotte de 100 000 véhicules autonomes à partir de 2027.
Mais les ambitions de Nvidia ne s’arrêtent pas là. L’entreprise a également conclu plusieurs accords d’infrastructure avec OpenAI et Oracle, représentant plusieurs centaines de milliards de dollars.
Nvidia : Entre tensions géopolitiques et nouveaux milliardaires
L’euphorie autour de Nvidia s’accompagne d’un contexte géopolitique complexe. Le président américain Donald Trump a récemment déclaré qu’il évoquerait avec Xi Jinping la question des puces Nvidia lors de leur prochaine rencontre, laissant espérer un assouplissement des restrictions d’exportation vers la Chine. Ces déclarations ont contribué à la hausse du titre, alors que Pékin représente un marché de près de 50 milliards de dollars pour l’intelligence artificielle.
Mais pour Jensen Huang, les blocages sont aussi extérieurs aux USA. « Le président nous a autorisés à expédier nos produits en Chine, mais la Chine nous empêche de le faire », a-t-il déclaré dans des propos rapportés par Bloomberg, dénonçant les pressions du pays sur ses entreprises, invitées à ne pas utiliser les GPU de Nvidia.

En parallèle, la flambée du titre Nvidia a profondément remodelé la hiérarchie des grandes fortunes mondiales. Le fondateur Jensen Huang, dont la richesse atteint 184 milliards de dollars, figure désormais parmi les huit personnes les plus riches de la planète.
L’entreprise compte aujourd’hui six milliardaires parmi ses dirigeants et investisseurs historiques, dont la directrice financière Colette Kress et le capital-risqueur Brooke Seawell. Ce dernier a récemment rejoint ce club grâce à sa participation de seulement 0,02 % au capital, passant d’une valeur de 50 millions à près de 900 millions de dollars en seulement 5 ans.
Une ascension qui interroge sur une possible « bulle de l’IA »
Avec une capitalisation équivalente à 158 % du PIB français, Nvidia incarne mieux que quiconque la frénésie mondiale pour l’intelligence artificielle. Le marché de l’IA devrait représenter 1 500 milliards de dollars en 2025, puis 2 000 milliards en 2026, soit près de 2 % du PIB mondial.
Mais certains analystes alertent déjà sur la vitesse vertigineuse de cette croissance, craignant une « bulle de l’IA ». Les valorisations record, les investissements massifs et circulaires, sur fond d’alliances croisées entre géants technologiques, alimentent les comparaisons avec les bulles passées de la Silicon Valley.
Mais pour l’heure, Nvidia règne sans partage sur le secteur des semi-conducteurs, ses GPU restant « le nouveau pétrole ou l’or de cet écosystème technologique ».
Car, selon Dan Ives, « il n’existe qu’une seule puce au monde capable d’alimenter cette révolution de l’IA… et c’est celle de Nvidia ».
Reste à savoir si cette domination pourra résister à la montée en puissance d’AMD ou Qualcomm, et aux ambitions des acteurs asiatiques.
L’envolée boursière de Nvidia illustre l’ampleur de la révolution de l’intelligence artificielle, qui redéfinit déjà les équilibres économiques et industriels mondiaux. Alors que des entreprises comme OpenAI, Meta ou Tesla cherchent à dominer le monde des nouvelles technologies avec l’IA et les robots humanoïdes, Nvidia s’impose comme le cœur technologique de cette nouvelle ère. Mais dans un marché aussi euphorique, la frontière entre croissance durable et excès spéculatif n’a jamais paru aussi mince.
Et vous, quel est votre avis sur la révolution de l’IA ? Bulle spéculative ou marché d’avenir ? Dites-le nous en commentaires !
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