Avec Neo, la start-up 1X Technologies, soutenue par OpenAI, veut faire entrer l’intelligence artificielle physique dans les maisons. Disponible à la précommande depuis le 28 octobre, ce petit robot humanoïde se veut capable d’effectuer des tâches ménagères variées. Mais derrière cette prouesse technologique se cache un modèle encore largement dépendant de l’humain, et porteur d’enjeux sur la vie privée.
Neo de 1X Technologies : Un robot humanoïde pour les corvées domestiques
Développé par la start-up norvégienne 1X Technologies, désormais installée en Californie, Neo est présenté comme le premier robot humanoïde domestique prêt à être commercialisé à grande échelle. Il est proposé à 20 000 dollars, soit environ 17 000 €, ou en location à 499 dollars par mois (430 €). On peut désormais le précommander avec un acompte de 200 $, pour une livraison prévue dès 2026 aux États-Unis et une expansion internationale progressive à partir de 2027.
Mesurant 1,68 m pour 30 kg, Neo serait capable de marcher, de courir et de soulever des charges allant jusqu’à 70 kg. L’androïde se distingue par ses mains à 22 degrés de liberté, une autonomie annoncée d’environ 4 heures en usage continu et une recharge rapide. Il présente un look sobre, plutôt qu’un design de machine intimidant : un corps blanc et une tête lisse avec deux caméras en guise d’yeux, ressemblant étrangement à une tenue d’escrime.
Selon 1X, Neo peut « automatiser les tâches quotidiennes et offrir une assistance personnalisée ». Il serait ainsi capable de vider le lave-vaisselle, plier du linge, arroser les plantes ou encore ranger une pièce, à la demande de son utilisateur. Ces ordres peuvent être transmis, et leur réalisation, suivie, via une application mobile ou des commandes vocales. Une IA embarquée, capable de comprendre le langage naturel et de s’adapter aux préférences de chaque foyer, se charge d’exécuter les demandes.

Une autonomie partielle, sous la supervision d’opérateurs humains
Derrière les promesses d’autonomie se cache un fonctionnement plus nuancé. Pour les actions que Neo ne maîtrise pas, des opérateurs humains peuvent prendre le contrôle à distance. Ces « Experts 1X », équipés de casques de réalité virtuelle, guident le robot depuis les États-Unis en visualisant son environnement grâce à ses deux caméras de 8 mégapixels.
« Pour toute tâche que Neo ne maîtrise pas encore, les propriétaires peuvent programmer un « Expert 1X » pour le guider dans les tâches inconnues, l’aidant ainsi à apprendre tout en travaillant », précise la société.
En clair, le robot ne fonctionne pas sans surveillance humaine pour certaines opérations, ce qui soulève des inquiétudes quant à la confidentialité des foyers. 1X se veut toutefois rassurante : les utilisateurs devront autoriser explicitement chaque session d’assistance, et une lumière colorée sur ses “oreilles” signalera toute prise de contrôle à distance. Les visages et zones sensibles pourront également être floutés.
Mais selon Joanna Stern du Wall Street Journal, qui a pu tester Neo, de nombreuses démonstrations sont encore téléopérées, et son autonomie réelle reste limitée. Neo « a a failli se renverser en fermant le lave-vaisselle » et a « mis deux minutes à plier un t-shirt », relate-t-elle. Le PDG de 1X, Bernt Børnich, reconnaît lui-même les limites actuelles : le compagnon, encore en phase d’apprentissage, devrait « considérablement » progresser en gagnant en expérience, in situ.
« Si vous achetez ce produit, c’est parce que vous acceptez ce contrat social. Sans vos données, nous ne pouvons pas améliorer le produit », a précisé le PDG.
L’intelligence artificielle derrière l’androïde Neo
Neo repose sur Cortex, un système basé sur la plateforme Nvidia Jetson Thor, une technologie dernier cri pouvant également alimenter le nouvel humanoïde H2 de Unitree. Cortex est couplé à un grand modèle de langage (LLM) qui lui permet de comprendre et d’interagir avec les humains. Cette combinaison ferait de Neo une “IA incarnée” dans le monde réel, un concept cher à 1X et à OpenAI, investisseur dans la start-up depuis une levée de fonds de 24 millions de dollars en 2023.
“Son intelligence audio permet à Neo de reconnaître lorsqu’on s’adresse à lui. L’intelligence visuelle ajoute une prise en compte contextuelle : Neo peut ainsi exploiter ce qu’il voit pour améliorer les interactions”, détaille la société norvégienne.
1X présente ainsi Neo comme le premier maillon d’une révolution domestique, à mi-chemin entre l’assistant vocal et le majordome robotique. Dans sa vidéo de présentation, le robot suit ses propriétaires dans toutes les pièces, un peu comme une extension physique de leur volonté. L’entreprise n’hésite d’ailleurs pas à parler d’un « compagnon humanoïde créé pour transformer votre vie à la maison ».
Un marché des assistants robotiques en effervescence
Neo n’est pas le premier humanoïde de l’entreprise. Anciennement nommée Halodi Robotics, elle avait déjà conçu Eve, un robot monté sur roues destiné à aider les humains dans les entrepôts.
L’arrivée de Neo s’inscrit dans une course mondiale à la robotique humanoïde. En parallèle, Figure AI a récemment présenté la troisième génération de son propre robot, conçu pour se déplacer seul dans une maison, effectuer des tâches ménagères et manipuler des objets fragiles. Tesla développe aussi son Optimus, tandis que la société allemande Neura Robotics ou la chinoise Neotix Robotics avancent leurs propres projets d’assistants autonomes.
Doté d’un prix, d’une date de sortie et d’une vidéo de démonstration complète, Neo pourrait toutefois faire partie, avec Figure 03, des projets grand public les plus avancés. Si la technologie reste immature, le produit marque une étape symbolique vers un futur potentiel où les robots pourraient s’inviter dans les foyers, au même titre que les ordinateurs ou les smartphones.
Neo n’est pas encore le majordome parfait promis par la science-fiction, mais il en pose les fondations et pourrait ouvrir une ère de cohabitation avec les robots dans nos espaces privés. Gadget coûteux ou première incarnation crédible d’une IA domestique ? Il faudra attendre au moins l’année prochaine pour le savoir… Et vous, qu’en pensez-vous ?
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