L’Ukraine accroît sa production de robots terrestres face à l’armée russe

Une nouvelle enquête du Monde révèle que la production ukrainienne de robots terrestres – armés, logistiques ou de sauvetage – est en pleine expansion depuis cet été. Le pays cherche à prendre de vitesse la Russie, comme elle l’avait fait avec les drones en 2023.

Selon une enquête exclusive du Monde, l’Ukraine serait, depuis le début de l’été 2025, en train de démultiplier sa production de robots terrestres pour faire face à l’invasion russe. Nommés VTSP (pour « Véhicules Terrestres Sans Pilote ») et utilisés sur la ligne de front, ces derniers possèdent des usages multiples, allant du ravitaillement à l’évacuation des blessés, en passant par la pose de mines et même le combat.

Un déploiement massif de robots terrestres sur la ligne de front

Face à l’omniprésence des drones ennemis, qui ciblent en priorité les véhicules de logistique, la fonction de chauffeur serait la plus dangereuse pour les soldats. Or, les Ukrainiens semblent manquer cruellement d’effectifs. A tel point qu’un commandant de bataillon, interviewé par Le Monde, avoue devoir choisir parmi ses hommes, « les moins doués et les moins utiles pour ravitailler [les] premières lignes ».

Un triste constat qui, depuis cet été, pousse l’armée ukrainienne à intensifier son usage de la robotique contre les Russes sur la ligne de front. En immersion dans un atelier de drones et de robots terrestres dans la région de Dnipropetrovsk, le journal a recueilli les témoignages de militaires spécialisés dans ce type de missions.

Anton, commandant d’une compagnie VTSP dans la brigade Roubij, confirme cette nouvelle stratégie : « Les VTSP sont utilisés depuis déjà un an, mais le pic du développement, c’est aujourd’hui. Toutes les brigades s’y mettent et chacune crée ses unités spécialisées ». Dans la 5e brigade d’assaut de Donetsk, par exemple, les évacuations et la logistique se feraient quasi exclusivement à l’aide de robots terrestres.

Utilisations et avantages des VTSP pour l’armée ukrainienne

Outre les sauvetages et les ravitaillements, les véhicules sans pilote servent aussi à la pose de mines, à la reconnaissance, au combat et aux attaques-suicide.

Pour être opérationnels, le Monde nous informe que les VTSP disposent la plupart du temps de chenilles ou de pneus tout terrain. Ils possèdent également un mât, le plus souvent avec antenne et caméras. Leur taille varie selon leur usage précis : de moins d’1 mètre de long pour les missions suicides aux dimensions d’un châssis de 4 x 4.

Les avantages de ces robots sont nombreux. Ils permettent en premier lieu d’éviter des pertes humaines. Ils sont aussi plus discrets que des soldats, voire des drones ; les plus gros étant facilement repérables. Ils portent aussi davantage de charge utile (environ 200 à 300 kg) que leurs homologues volants et peuvent parcourir des dizaines de kilomètres.

Les différents modèles de robots militaires

Pour transporter les blessés, les Ukrainiens utilisent par exemple le modèle TerMIT, de la compagnie ukrainienne Tencore, qui peut être dirigé à l’aide d’une télécommande et d’une connexion Starlink. Le TerMIT est rapidement modulable : il peut aussi servir de renfort armé (avec tourelle lance-grenades ou mitrailleuse), de transport logistique et pour miner ou déminer un terrain.

Début août, les médias avaient aussi révélé un nouveau robot, nommé Zmiy Droid 12.7. Téléguidé et alimenté par une IA, il a été conçu par DevDroid et Rovertech, deux entreprises ukrainiennes. Il combine en fait le Zmiy UGV de Rovertech, un VTSP, et la tourelle Wolly 12.7 de DevDroid, qui avait déjà servi à équiper d’autres robots comme le TerMIT et le Ravlyk. Dans des vidéos, on le voit notamment dirigé par des manettes de Playstation. Son IA lui permet de détecter, de suivre et de capturer des cibles, tout en améliorant la précision des attaques.

Les prix des robots terrestres peuvent fortement varier : d’environ 5 000 $, selon le magazine Forbes, à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Les modèles utilisés par l’Ukraine comme le TerMIT, évalué à environ 13 000 $, seraient par exemple beaucoup moins coûteux que ceux de l’OTAN. Un niveau de sophistication élevé est en effet inutile face aux bombardements réguliers sur le front. Le groupe d’investissement américano-ukrainien MITS Capital, avait en tout cas révélé le 11 juillet 2025, avoir investi 3,74 millions de dollars dans la compagnie Tencore.¹

Face aux dangers rencontrés sur la ligne de front ukrainienne, le développement des robots terrestres semble donc décisif pour l’issue du combat. L’objectif affiché par l’armée ukrainienne, comme en témoigne au Monde un commandant de compagnie VTSP, est de gagner la course au développement des robots pour prendre l’ennemi de vitesse. Elle reproduirait ainsi les exploits de 2023, lorsqu’elle détruisait « systématiquement les assauts blindés russes à l’aide de drones ». L’usage de la robotique dans le domaine militaire, comme dans d’autres secteurs, est toutefois sujet à débat, d’un point de vue éthique. Et vous, qu’en pensez-vous ?

1. https://mits.capital/news/mits-capital-invests-3-74m-in-ukrainian-robotics-company-tencore/ ↩︎