17 ans après les Jeux Olympique de 2008, Pékin accueille à nouveau les JO. Mais cette fois, l’évènement concerne uniquement les robots humanoïdes.
Imaginez un stade de 12 000 places en liesse, des spectateurs qui applaudissent chaque but… marqué par une machine. Du 14 au 17 août 2025, Pékin a accueilli la première édition des Jeux mondiaux de robots humanoïdes. Selon les chiffres officiels rapportés par China Global Television Network, pas moins de 280 équipes, représentant 16 pays et régions, se sont affrontées dans 26 épreuves, alignant plusieurs centaines de robots humanoïdes. Cela va du football réduit (5 vs 5) à l’Athlétisme, en passant par la boxe.
Sur la piste, les humanoïdes ont couru, chuté, parfois perdu un bras ou la tête au sens littéral avant d’être acclamés comme de véritables sportifs. Derrière ce spectacle à la fois futuriste et comique, se cache un enjeu bien plus sérieux, montrer au monde l’avance chinoise dans la robotique et l’intelligence artificielle incarnée.
Un show spectaculaire, entre futur et burlesque
La cérémonie d’ouverture donnait le ton. Dans l’enceinte du National Speed Skating Oval, construit pour les JO d’hiver 2022, le public a vu défiler un panda robot pratiquant le taï-chi, des androïdes inspirés des guerriers de terre cuite, ou encore un batteur mécanique à six bras accompagnant un groupe humain.
L’un des moments forts a été le serment des athlètes récité par un robot, jurant de respecter règles et adversaires pour illustrer la puissance de la technologie.
Sur le terrain, le contraste est saisissant. Les humanoïdes avancent avec une foulée raide, trébuchent dans les sprints, s’écroulent en plein match de football. Dans une course, un robot a perdu un bras mais a terminé l’épreuve sous les ovations. Lors d’un match, quatre machines se sont effondrées en même temps dans un tas de métal, déclenchant l’hilarité des spectateurs.
Des performances encore très humaines… mais loin des records
Les chronos rappellent la marge de progression. Le robot H1 de l’entreprise chinoise Unitree Robotics a remporté le 1 500 m en 6 minutes et 34 secondes, soit presque le double du record humain établi par Hicham El Guerrouj à Rome en 1998 (3 minutes et 26 secondes)
.
Sur 100 m, le robot Tiangong Ultra, conçu à Pékin, a couru en 21,5 secondes, loin des 9,58 secondes d’Usain Bolt à Berlin en 2009.
En football, les matchs se déroulaient en format réduit (5v5 ou 3v3), avec des mi-temps de 15 minutes. La plupart des buts étaient inscrits à bout portant, déclenchant pourtant des acclamations disproportionnées. Une exception notable, l’équipe Hephaestus de l’Université Tsinghua, qui a battu les Allemands du HTWK Robotics + Nao Devils (1-0) grâce à une frappe lointaine parfaitement calculée par un algorithme.
Des couacs révélateurs et des voies de progrès
Chaque maladresse vaut de l’or scientifique. Une chute, une panne, un redressement autonome : autant de données précieuses sur l’équilibre, la coordination ou la perception.
Dans le média chinois Global Times, Zhao Dongwei, organisateur des Jeux déclare :
« Les compétitions nous permettent d’évaluer les capacités des robots dans un environnement juste et transparent, tout en offrant aux équipes des opportunités d’échange et d’amélioration. Avec 280 équipes de 16 pays et régions participant – bien au-delà des attentes, les Jeux mettent en évidence l’accent croissant mis par le monde sur l’intelligence incarnée ».
Toujours dans les colonnes du média chinois, Antonio Fernando, professeur à l’université de Minho au Portugal tire les enseignements de ces jeux :
« Nous faisons partie de RoboCup depuis 1999, mais les humanoïdes sont nouveaux pour nous. Ils se déplacent plus lentement et moins précisément, ce qui rend le défi plus difficile mais aussi plus excitant ».
Les équipes allemandes et néerlandaises insistent aussi sur la dimension collaborative : Max Polter (HTWK Leipzig) membre de l’équipe de football allemande
La robotique, moteur du rayonnement géopolitique chinois
Derrière le folklore, Pékin affichait un objectif clair, affirmer sa suprématie technologique. Ces Jeux s’inscrivent dans une série d’événements tels qu’un marathon d’humanoïdes au printemps, puis la World Robot Conference début août. Le pays investit massivement, avec plusieurs dizaines de milliards de yuans dédiés à l’IA et à la robotique.
Selon le Quotidien du Peuple, les humanoïdes seront essentiels face au vieillissement de la population chinoise, notamment dans l’aide aux personnes âgées et l’automatisation des usines.
Entre limites technologiques et ambitions démesurées
Mais les limites restent évidentes : fragilité, forte consommation énergétique, sécurité encore insuffisante. Dans des propos rapportés par le média britannique The Guardian, le docteur Jonathan Aitken de l’Université de Sheffield avertit :
« L’état de l’IA est loin de permettre aux humanoïdes d’opérer dans des environnements non contrôlés ».
Même Tesla, avec son humanoïde Optimus, plafonne à environ 22 degrés de liberté contre 27 pour une main humaine. Elon Musk a d’ailleurs affirmé tout récemment dans un entretien avec X Takeover, que les mains représentaient 50% des difficultés, dans la conception d’un robot humanoïde.
La stratégie chinoise se veut pragmatique, là où les États-Unis dominent la recherche fondamentale, Pékin mise sur l’application concrète et l’industrialisation rapide. L’histoire récente le prouve, puisqu’en dix ans, la Chine est devenue le premier exportateur automobile mondial, un scénario inimaginable auparavant.
Ces premiers Jeux mondiaux des humanoïdes avaient tout d’un spectacle expérimental, mêlant prouesses mécaniques et maladresses comiques. Derrière les chutes et les rires, ils annoncent une tendance de fond, la robotique humanoïde devient un enjeu stratégique mondial, au carrefour de la science, de l’économie et de la géopolitique. Alors, verra-t-on bientôt des robots courir un marathon complet, arbitrer un match de Ligue 1 ou s’occuper de nos grands-parents ? Rien n’est certain, mais une chose l’est : Pékin vient d’ajouter ses « Jeux des robots » à l’agenda mondial. Et demain, qui sait ? Ils pourraient devenir aussi attendus que les JO humains. Si en terme de performances sportives l’être humain semble encore supérieur au robot humanoïde, pourra-t-il à court ou long terme faire tout aussi bien ? Donnez nous votre avis dans les commentaires.
Certains liens de cet article peuvent être affiliés.
La Rédaction, votre article sur les Jeux mondiaux de robots humanoïdes est captivant ! La technologie progresse vite, mais il reste encore tant à faire pour que ces robots rivalisent avec les humains.
Ces Jeux mondiaux de robots humanoïdes montrent vraiment l’avenir. La robotique peut transformer nos exploitations agronomiques. L’interaction humaine-robot va prendre de l’ampleur, et c’est prometteur pour la productivité.
Ces Jeux mondiaux de robots montrent un bel exemple des avancées en robotique. La performance des humanoïdes est encore loin des humains, mais c’est un bon début vers l’avenir.
Ces Jeux révèlent l’ambivalence de la robotique : bien qu’impressionnants, les robots humanoïdes soulèvent des questions éthiques sur notre dépendance à la technologie. Jusqu’où devrions-nous aller ?