L’entreprise de Mark Zuckerberg préfère se concentrer sur la création d’un logiciel pour humanoïdes plutôt que sur la construction des robots.
Meta a récemment confié vouloir créer une plateforme logicielle, basée sur l’intelligence artificielle, pour rendre les futurs robots humanoïdes autonomes. Outre un usage sur ses propres « Metabots », l’entreprise imagine une sorte d’Android de la robotique à vendre aux fabricants concurrents.
Meta veut créer l’« Android de la robotique »
On était déjà au courant, depuis début 2025, de l’existence d’un programme de recherche en robotique, en lien avec ses « Reality Labs ». Il s’agit de la division de Meta qui travaille également sur le Metavers et les lunettes de réalité virtuelle ou mixte. La société avait en effet évoqué un investissement d’environ 65 milliards de dollars pour financer ses travaux dans l’IA, basés notamment sur les modèles multimodaux Llama 4.
Andrew Bosworth, CTO de Meta, expliquait alors : « Les technologies de base dans lesquelles nous avons déjà investi et que nous avons développées au sein de Reality Labs et de notre IA sont complémentaires aux avancées nécessaires en robotique ».
On en sait désormais un peu plus sur la stratégie des équipes. Le sujet a été abordé une nouvelle fois par le directeur technologique, au cours d’une interview accordée à The Verge. La société de Mark Zuckerberg développe non seulement des humanoïdes pour ses tests, mais aussi et surtout, un système logiciel, utilisable sur des robots concurrents.
L’idée du CTO est de fournir aux constructeurs un modèle intégrant une IA, que chacun pourra utiliser sur son robot, si celui-ci répond à certaines spécifications. Meta compte en fait adopter une approche similaire à celle de Google, qui met à disposition son logiciel Android aux fabricants de smartphones. « Je me fiche que nous soyons les fabricants du matériel », commente Bosworth. Voilà qui est clair.
L’IA, le réel nerf de la guerre de la robotique
Pourquoi ce focus sur l’intelligence artificielle plutôt que sur les humanoïdes « Metabots » ? Le directeur technique donne la raison : « Je ne pense pas que le matériel soit la partie la plus difficile. Je ne dis pas que le matériel n’est pas compliqué, mais ce n’est pas le goulot d’étranglement. Le goulot d’étranglement, c’est le logiciel. » Une position que l’on retrouve chez plusieurs constructeurs de robots, comme Figure AI.
Bosworth explique que la vraie problématique, si l’on souhaite démocratiser l’usage des robots, ce sont les gestes et manipulations de précision. Si les androïdes actuels sont capables de faire des saltos, ils briseraient ou renverseraient probablement un verre d’eau en tentant de l’attraper.
Alors comment le groupe de Zuckerberg compte faire pour changer la donne ? L’équipe de robotique travaille conjointement avec le nouveau laboratoire d’IA Superintelligence de Meta, pour créer ce qu’ils appellent un « modèle du monde ». Ce dernier doit servir à donner une conscience spatiale mais aussi « sensorielle » à l’intelligence artificielle, pour permettre, entre autres, « d’animer une main habile ».
Une approche différente de celle de Tesla pour l’Optimus qui, pour le moment, se base surtout sur la vision via caméra. « Je comprends comment les voitures Tesla obtiennent assez de données. Je ne vois pas comment ils vont obtenir des données robotiques », critique Bosworth. Figure AI, avec sa bibliothèque de vidéos filmées à la première personne, semble aussi se concentrer sur l’imitation visuelle au détriment de l’appréhension sensorielle.
Le Metabot : simple prototype ou futur produit ?
Commercialisation ou simple modèle de test pour son logiciel IA ? Les objectifs pour le « Metabot » ne sont pas encore très clairs. D’un côté, The Verge nous dit que pour l’entreprise, « construire des robots humanoïdes est son prochain pari de taille AR » ; autrement dit, du niveau de leur implication dans la réalité augmentée et virtuelle.
Mais d’un autre côté, Bosworth ne cherche pas à être, en priorité, un fabricant matériel. Ni à utiliser une ingénierie excessivement complexe. Il ajoute, encore une fois en opposition aux Optimus de Tesla : « Je ne pense pas que vous ayez besoin de 23 degrés de liberté dans la main. Deux pouces, ce serait bien. Je n’ai besoin que de deux pouces. »
L’origine des puces pour les androïdes est également incertaine. « Un certain nombre d’acteurs se disputent le rôle de fournisseur central » tels que Nvidia et Qualcomm. Le géant de la tech dit « envisager toutes ces options ».
Ce que l’on peut retirer de cet entretien c’est que Meta, dans un premier temps, ne semble pas chercher à commercialiser ses Metabots. Cela pourrait se produire à long terme. Mais les humanoïdes seraient, pour le moment, de simples prototypes pour concevoir leur plateforme logicielle et entraîner leur IA « world model ». Reste à savoir si l’entreprise de Zuckerberg arrivera à atteindre le niveau de compréhension spatiale et sensorielle requis pour leur projet.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce une meilleure approche que celles de Tesla, Figure AI ou encore Google DeepMind ?
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