L’annonce très attendue de Yann LeCun est désormais officielle : le chercheur français fondera sa nouvelle start-up d’intelligence artificielle à Paris. Cette prise de parole, faite lors de la conférence AI-Pulse organisée par Scaleway, marque sa première apparition publique depuis son départ de Meta. Elle confirme aussi une ambition : développer une nouvelle génération de systèmes d’IA, fondés sur les « world models », qu’il présente comme une rupture nécessaire face aux limites des modèles actuels.
Yann LeCun : une start-up à Paris pour une nouvelle génération d’IA
Lors de son intervention à AI-Pulse, Yann LeCun a annoncé que sa future entreprise verrait le jour dans la capitale française. Il y mènera un projet consacré à ce qu’il décrit comme « la prochaine génération de modèles d’IA ». Basée sur des « représentations du monde », plutôt que sur le langage, cette approche définit pour Le Cun « l’AMI » (« Advanced Machine Intelligence »), une intelligence artificielle avancée qui doit pouvoir dépasser les limites des LLM comme ChatGPT.
Selon lui, la Silicon Valley est « complètement hypnotisée par les modèles actuels d’IA générative ». Pour mener ses recherches, il affirme donc vouloir « aller hors de la vallée… à Paris », tout en ajoutant que cette nouvelle entreprise serait « globale ».
Le chercheur a également révélé que « Meta sera un partenaire, pas un investisseur ». Cette précision vise notamment à montrer que la séparation avec le groupe californien ne s’est pas faite dans la confrontation, même si l’annonce de son départ fin novembre a donné l’impression d’une rupture nette. Yann LeCun explique que Mark Zuckerberg estime qu’AMI pourrait représenter « l’avenir », mais que « le spectre potentiel des applications allait bien au-delà de ce qui intéressait Meta ». Il a donc jugé que c’était le moment opportun pour quitter Meta et « créer une autre organisation ».
Yann LeCun assure qu’il donnera davantage de détails sur cette start-up en janvier 2026. Il souligne toutefois que Meta pourrait rester impliqué, notamment en mettant à disposition des infrastructures, tout en laissant son projet se développer en dehors de la stratégie produit du groupe.
« World models » : dépasser les limites des LLM
Lors de sa prise de parole, Yann LeCun a de nouveau exprimé ses réserves vis-à-vis des LLM, tout en reconnaissant qu’ils restent « très utiles ». Il pense néanmoins que les modèles actuels ne peuvent pas se substituer à une compréhension du monde réel.
« Il y a des gens qui prétendent qu’on va juste augmenter la taille de nos technologies actuelles pour atteindre l’intelligence humaine. J’ai toujours pensé que c’était des conneries », fustige LeCun.
Selon lui, « comprendre le monde physique est beaucoup plus difficile que de comprendre le langage ». Il évoque ainsi un paradoxe : malgré les progrès spectaculaires des modèles génératifs, « nous n’avons pas de robot capable de faire la même chose qu’un enfant de 5 ou 6 ans », à savoir se déplacer sans heurter d’obstacles. Les LLM restent dépendants des données textuelles et ne savent pas apprendre de manière autonome. Ils « imitent ce qu’ils connaissent déjà » et prédisent des suites de mots d’après des statistiques, ce qui explique selon lui leur plafonnement.

Les « world models », à l’inverse, cherchent à construire une représentation du monde en exploitant des vidéos, des sons ou des images, afin de prédire les conséquences d’une action. Ils doivent intégrer les notions de causalité, ce qui permettrait à une IA de planifier, simuler ou anticiper des situations physiques. Yann LeCun explique que « ce nouveau paradigme permettrait aux IA de planifier une séquence d’actions », là où les agents IA actuels, censés réaliser des tâches à la place des humains, « ne marchent pas si bien ». Son projet, issu du travail sur l’architecture JEPA développée avec Meta, vise précisément à créer cette nouvelle capacité de raisonnement.
Marble de World Labs, Genie 3 de Google DeepMind… Les « modèles mondes » concurrents
En quittant Meta, Yann LeCun tourne aussi la page d’un cycle commencé en 2013 avec la création du laboratoire FAIR. Ces derniers mois, Meta a orienté ses équipes vers de nouveaux objectifs, notamment la constitution d’un groupe « Superintelligence » chargé de concevoir des produits basés sur l’IA générative, comme des lunettes connectées. Cette évolution rendait difficile la cohabitation avec des travaux de recherche sur le long terme.
De plus, le chercheur insiste sur l’importance de l’open source. Une méthode qu’il a défendue avec les modèles Llama au sein de Meta, mais qui est abandonnée, à tort selon lui, par les géants de l’IA américains : « La raison pour laquelle l’IA progresse, c’est l’Open Source. Aujourd’hui, les meilleurs modèles Open Source sont chinois ».
L’intérêt pour les « world models » dépasse cependant largement le cadre de cette future entreprise parisienne. Plusieurs laboratoires explorent déjà des approches similaires. Fei-Fei Li a levé 230 millions de dollars pour sa start-up World Labs, dont Marble, le premier modèle monde rendu public, génère des représentations 3D à partir d’images, de prompts ou de vidéos.
Google DeepMind développe également Genie 3, et d’autres chercheurs, comme ceux de General Intuition, testent ces architectures via des interactions issues du jeu vidéo. Nvidia évoque de son côté une demande croissante dans des secteurs qui nécessitent cette compréhension spatiale.
« Depuis leur sortie en janvier, nous avons déjà une demande significative sur nos world models, notamment pour la robotique, les véhicules autonomes et les usines intelligentes », confirme TJ Galda, directeur de la gestion des produits chez Nvidia.
Avec l’annonce de sa start-up installée à Paris, Yann LeCun ouvre un nouveau chapitre, en rupture avec les trajectoires dominantes de l’IA générative. En pariant sur les « world models », il souhaite bâtir une architecture capable d’appréhender le monde physique, bien au-delà des capacités actuelles des LLM. Son départ de Meta et son installation en France donnent une nouvelle dimension à ce projet, dont les premières orientations seront précisées début 2026.
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L’idée de Yann LeCun d’explorer les ‘world models’ à Paris est captivante. Cela pourrait révolutionner notre compréhension de l’IA, un juste équilibre entre progrès technologique et valeur humaine.
C’est super excitant de voir Yann LeCun se lancer dans une nouvelle aventure à Paris ! Les ‘world models’ pourraient vraiment révolutionner notre compréhension de l’IA. Hâte de voir ça !
L’approche de Yann LeCun sur les « world models » semble prometteuse pour surmonter les limites des LLM. Cela pourrait vraiment faire avancer notre compréhension des interactions homme-machine.