OpenAI, déjà à l’origine d’IA génératrices de texte (ChatGPT) et de vidéos (Sora), s’attaque à un nouveau terrain créatif : la musique. Selon une enquête du média The Information, la société dirigée par Sam Altman développerait actuellement un modèle d’intelligence artificielle capable de créer des morceaux à partir de simples instructions textuelles ou de fichiers audio.
Une IA pour créer de la musique à partir de texte ou de son
D’après une information ayant fuité, partagée par The Information, OpenAI plancherait sur une intelligence artificielle qui pourrait transformer une description écrite ou une piste vocale en composition musicale. L’utilisateur pourrait, par exemple, importer un enregistrement de chant et demander à l’IA d’y ajouter un accompagnement instrumental : guitare, batterie, cordes, etc.. L’outil pourrait aussi servir à générer la bande-son d’une vidéo produite dans Sora, renforçant la complémentarité entre les différents services de l’entreprise.
Cette IA musicale, dont le nom n’a pas encore été révélé, n’a pas de calendrier de lancement officiel. OpenAI n’a pas précisé non plus si elle sera intégrée à ChatGPT ou Sora, ou si elle prendra la forme d’une application indépendante.
Une source citée par The Information indique que la société travaille avec des étudiants de la prestigieuse Juilliard School de New York pour annoter des partitions et enrichir sa base d’entraînement. Ce partenariat permettrait à OpenAI de bénéficier de données musicales de haute qualité, tout en évitant potentiellement les controverses sur l’utilisation d’œuvres protégées ; un sujet qui empoisonne actuellement le secteur.
Création musicale IA : Une continuité logique dans la stratégie d’OpenAI
Cette initiative s’inscrirait dans une stratégie globale : offrir des solutions dans tous les champs de la création, autour d’un même écosystème, combinant texte, image, vidéo et désormais musique. Après le succès de Sora, dont les vidéos générées inondent déjà les réseaux sociaux, OpenAI semble vouloir consolider sa position en devenant une plateforme créative complète.
Mais ce n’est pas la première fois que l’entreprise s’intéresse à la musique. En 2019, elle avait lancé MuseNet, un modèle capable de composer des morceaux avec 10 instruments, combinant divers styles, « de la country à Mozart, en passant par les Beatles ». Puis, en 2020, Jukebox avait poussé plus loin la création musicale, générant même du chant.

Ces projets, restés expérimentaux, avaient toutefois été mis de côté après l’arrivée de ChatGPT. Cette fois, la démarche paraît plus ambitieuse : OpenAI entend rivaliser avec les géants déjà installés du secteur et s’imposer comme le futur « ChatGPT de la musique ».
Le marché de la musique IA : concurrences et problèmes juridiques
OpenAI s’apprête à rejoindre un marché aussi prisé que controversé. Des entreprises comme Suno, Udio, et même Google (avec MusicFX, MusicLM et désormais Lyria 2), dominent déjà la génération musicale par IA. Ces plateformes permettent de créer des chansons entières en un clic, à partir d’un simple prompt textuel.
Leur succès massif est pourtant entaché de polémiques juridiques : Suno et Udio font actuellement l’objet de poursuites pour violation du droit d’auteur, par la Recording Industry Association of America (RIAA). Les deux entreprises sont accusées de s’être servies d’œuvres protégées sans autorisation pour entraîner leurs modèles. En France, la SACEM rappelle que « le droit d’auteur ne protège que les œuvres créées par des personnes physiques », précisant qu’une musique généré par une IA « ne peut être déclarée auprès de la Sacem ».
L’arrivée d’un acteur du calibre d’OpenAI pourrait rebattre les cartes, mais aussi attiser les tensions. Dans ce contexte, la collaboration d’OpenAI avec la Juilliard School apparaît comme un moyen de contourner les critiques et d’assurer la légitimité de son modèle d’entraînement.
Au-delà des enjeux juridiques, la prolifération de contenus musicaux générés par IA fait naître de nouvelles inquiétudes dans l’industrie. Le phénomène du « slop », qui désigne les contenus produits en masse, souvent de faible qualité, commence à envahir les plateformes de streaming telles que Spotify. Il est également pointé du doigt dans d’autres domaines artistiques, comme les jeux vidéo.
Avec ce nouveau projet, OpenAI confirme sa volonté d’étendre la création générative à tous les formats. Si l’entreprise parvient à proposer un outil musical accessible et éthique, elle pourrait transformer en profondeur la manière dont les musiques de films, les jingles ou même les chansons populaires sont conçus. Toutefois, la société est déjà critiquée pour sa gestion des données d’entraînement dans d’autres domaines, comme la génération d’images ou de texte.
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