Apple a fini par franchir le pas. Longtemps spectatrice de la course à l’intelligence artificielle, la firme de Cupertino a lancé Apple Intelligence en 2024.
Cette suite d’outils génératifs modernise Siri, résume vos mails, crée des images et promet de mieux protéger vos données personnelles. En 2025, elle arrive enfin en français avec iOS 18.4. Mais s’agit-il d’une vraie révolution… ou d’un simple coup marketing ?
Pourquoi Apple a attendu si longtemps ?
En 2023, ChatGPT devenait un phénomène mondial, propulsant Microsoft et Google dans une course effrénée à l’intelligence artificielle. Face à eux, Apple semblait dépassée. Siri, lancé en 2011, faisait figure de dinosaure et l’arrivée d’une IA capable de concurrencer ChatGPT se faisait attendre. Lors de la WWDC 2024 Craig Federighi, patron du logiciel chez Apple avait profité de l’événement, pour vanter les mérites de Apple Intelligence :
« Apple Intelligence est une intelligence puissante qui va de main de main avec une confidentialité puissante ».
Dans le prolongement de cette déclaration, Craig Federighi précisait que les données ne seraient jamais stockées ou rendues accessibles à Apple, comme le rapportait Quartz France.
Le géant américain a donc opté pour une stratégie hybride :
- Des modèles légers tournant en local,
- Un cloud sécurisé (Private Cloud Compute) basé sur des puces Apple Silicon.
- Un partenariat avec OpenAI pour combler les manques.
Comment fonctionne Apple Intelligence ?
L’originalité d’Apple Intelligence réside dans son architecture hybride. Plutôt que de reposer uniquement sur de gigantesques modèles cloud, Apple a conçu des modèles allégés capables de tourner en local sur iPhone, iPad ou Mac. Les tâches légères comme le résumé de notifications, la réécriture de mails ou la création de Genmojis, s’exécutent directement sur l’appareil, à condition de disposer d’au moins 8 Go de RAM. Résultat, seuls les iPhone 15 Pro, iPhone 16 et Mac/iPad M1+ sont compatibles. Pour les opérations plus lourdes, Apple s’appuie sur son Private Cloud Compute, un cloud sécurisé fonctionnant sur des serveurs Apple Silicon, dont le code est ouvert à l’audit externe afin de garantir la transparence.
Cette approche privilégie la confidentialité et la rapidité hors connexion, mais elle a un coût, environ 7 Go de stockage interne nécessaires, une autonomie réduite et une chauffe accrue lors des traitements intensifs. En outre, les performances restent en retrait face à des solutions concurrentes comme Google Gemini ou Microsoft Copilot. Apple sacrifie une partie de la puissance brute pour tenir sa promesse d’une IA plus respectueuse des données personnelles.
Siri dopé à ChatGPT
La vitrine d’Apple Intelligence, c’est sans conteste le nouveau Siri. L’assistant vocal, longtemps critiqué pour son retard, gagne en fluidité, en tolérance aux hésitations et bénéficie d’une interface visuellement modernisée. L’objectif est clair, redonner à Siri une place crédible face aux assistants dopés à l’IA de Google et de Microsoft. La véritable nouveauté se situe dans son intégration avec ChatGPT. Lorsque Siri ne parvient pas à répondre à une demande complexe, il propose désormais de transférer la requête vers ChatGPT. Ce transfert n’est pas automatique, l’utilisateur doit donner son accord explicite à chaque fois. Apple met aussi en avant un point crucial, les échanges passent par une API dite de « zéro rétention », censée empêcher toute conservation des données par OpenAI.
Concrètement, cela permet d’obtenir des réponses bien plus détaillées et nuancées. Un exemple typique, demander à Siri de résumer un article ou de décrire une photo. Si le modèle local n’est pas assez puissant, ChatGPT prend le relais et fournit une réponse en quelques secondes. Mais cette avancée a un revers. En s’adossant à OpenAI, Apple se rend partiellement dépendante d’un acteur tiers. Or, en 2024, la justice américaine avait déjà contraint OpenAI à conserver certaines conversations utilisateurs. Ce précédent montre que la promesse de confidentialité d’Apple repose aussi sur des paramètres légaux et contractuels qui peuvent évoluer. Autrement dit, la protection des données, pilier du discours d’Apple, dépend désormais aussi des choix et contraintes imposés à ses partenaires.
Les fonctions phares (et leurs limites)
Apple Intelligence ne se résume pas à Siri. Voici ses principaux outils :
- Notification Summaries : résume vos alertes en une phrase. Gain de temps réel, mais en français, le résultat ressemble souvent à une liste de mots-clés.
- Genmoji : crée un emoji personnalisé à partir d’une description (« un renard astronaute »). Fun pour surprendre ses amis, mais vite anecdotique.
- Playground : génère des images en trois styles (dessin, illustration, animation). Simple d’usage, mais le rendu reste très en dessous de Midjourney ou DALL·E.
- Clean Up (Photos) : supprime un élément gênant (poubelle, passant, câble). Bluffant sur des détails, mais incapable de recréer proprement une scène entière.
- Writing Tools : réécriture de textes (pro, amical, concis). Pratique pour mails et notes rapides, mais sans suivi de versions ni personnalisation avancée.
- Visual Intelligence : reconnaît objets et éléments via l’appareil photo. Utile pour identifier une plante ou traduire un panneau, mais encore imprécis face à Google Lens.
Une IA réservée aux plus riches
L’un des reproches majeurs adressés à Apple Intelligence concerne sa compatibilité très restrictive. La technologie n’est disponible que sur les iPhone 15 Pro et la gamme iPhone 16, ainsi que sur les iPad et Mac équipés d’une puce M1 ou plus récente, sans oublier le casque Apple Vision Pro. En clair, même un iPhone 14 tout juste acheté ne peut pas en bénéficier. Apple explique cette limitation par les exigences matérielles puissance de calcul et mémoire vive nécessaires.
Apple vs Google vs Samsung : qui mène la danse ?
Pour vous aider à comprendre les différences entre chaque IA nous avons choisi de les comparer. Voici un tableau récapitulatif de toutes les différences entre ces trois modèles :
| Critère | Apple Intelligence | Google Gemini | Samsung Galaxy AI |
| Disponibilité | iPhone 15 Pro, iPhone 16, Mac/iPad M1+, Vision Pro | Android, Chrome, Workspace, Pixel 8/9 optimisées | Galaxy S24, S25 et récents |
| Architecture | Hybride : local (8 Go RAM mini) + cloud Apple Silicon | Cloud only (Gemini 1.5 Nano/Pro/Ultra) | Hybride : modèles Samsung + Gemini |
| Confidentialité | Priorité forte (local + cloud audité, API zéro rétention) | Cloud Google, collecte de données | Traitement mixte (local + cloud), moins transparent |
| Assistant vocal | Siri modernisé, peut déléguer à ChatGPT | Gemini Assistant intégré, pilotage Android | Bixby enrichi par Galaxy AI + Gemini |
| Fonctions clés | Résumés, Genmoji, Writing Tools, retouche photo basique | Conversations naturelles, multimodalité, planification avancée | Traduction instantanée, retouche photo avancée, transcription |
En résumé, Google Gemini est un modèle d’IA multimodal conçu pour des conversations naturelles, capable d’assister dans des tâches variées comme l’organisation d’un voyage, la planification d’un projet ou l’aide à la rédaction. Samsung Galaxy AI repose sur une approche hybride (algorithmes maison + Google Gemini), offrant notamment des traductions instantanées, des résumés de contenus et des fonctions de retouche photo générative. Apple Intelligence reste plus limité en fonctionnalités, mais peut déléguer certaines requêtes complexes à ChatGPT d’OpenAI, uniquement avec l’accord explicite de l’utilisateur. Apple insiste sur un atout majeur, une gestion renforcée de la confidentialité, grâce au traitement local et à son système Private Cloud Compute.
OpenAI, déjà partenaire ponctuel d’Apple avec l’intégration de ChatGPT dans iOS 18, pourrait à l’avenir ne plus être le seul acteur externe associé à Siri. Bloomberg révèle qu’Apple discute avec Google d’une éventuelle intégration de Gemini dans Siri, à l’horizon 2026. En interne, deux projets cohabitent. Le premier Linwood mise sur un modèle maison, développé par Apple, pour garder le contrôle total sur la technologie et la confidentialité. À l’inverse, Glenwood explore une approche plus ouverte, connecter Siri à un modèle tiers comme Gemini, ChatGPT ou Claude. Ces deux approches permettraient à Apple de comparer ses propres avancées en IA avec celles de modèles tiers déjà leaders du marché, afin de déterminer la meilleure stratégie pour l’avenir de Siri
Apple n’a donc pas encore trouvé sa formule gagnante
Avec l’arrivée d’Apple Intelligence, Apple précise progressivement les conditions d’accès à ses nouvelles fonctionnalités d’IA. Voici la configuration nécessaire pour en profiter en 2025 :
- Appareils compatibles : iPhone 15 Pro et toute la gamme iPhone 16, iPad Pro et iPad Air équipés d’une puce M1 ou plus récente, ainsi que les Mac dotés d’une puce Apple Silicon (M1 et suivants). Concernant l’iPad mini, la compatibilité sera assurée à partir d’un modèle doté d’une puce A17 ou ultérieure (non encore commercialisé à ce jour).
- Systèmes requis : iOS 18.1 ou version ultérieure, iPadOS 18.1 ou version ultérieure, et macOS Sequoia 15.1 ou version ultérieure.
- Activation : via Réglages > Siri & Apple Intelligence, une fois la mise à jour installée et si l’appareil est éligible.
- Espace nécessaire : environ 7 Go de stockage disponible, selon les configurations et les modules installés.
- Langues prises en charge (prévision 2025) : l’anglais américain au lancement, suivi d’un déploiement progressif vers d’autres langues majeures dont le français, l’allemand, l’italien, le japonais, le coréen, l’espagnol, le portugais et le chinois simplifié.
Apple Intelligence enfin disponible en France mais pas pour tout le monde
En août 2025, la mise à jour iOS 18.4 a marqué l’arrivée d’Apple Intelligence en France et dans le reste de l’Europe. Elle a aussi élargi la prise en charge à de nouvelles langues comme le français, l’allemand, l’italien, l’espagnol, le japonais, le coréen et le chinois simplifié. Comme dans l’ensemble des pays dans lesquels Apple Intelligence est déjà déployé, la marque a restreint l’accès aux appareils les plus récents, à savoir l’iPhone 15 Pro et l’iPhone 16. Pour ce qui concerne les ordinateurs et tablettes la fonctionnalité sera présente sur les iPad et Mac équipés d’une puce M1 ou plus récente.
Les fonctions en français sur Apple Intelligence reste encore limitées. Les Writing Tools (résumé, correction, réécriture de texte) et les résumés de notifications fonctionnent, mais restent moins performants qu’en anglais. Des outils clés comme Visual Intelligence (analyse d’images et de documents) ou la traduction en direct dans Messages et FaceTime n’arriveront qu’avec iOS 26, attendu au printemps 2026. En résumé, Apple Intelligence est enfin disponible en France, mais dans une version bêta, incomplète et réservée aux appareils haut de gamme. Les utilisateurs français peuvent tester dès aujourd’hui certaines fonctions, en attendant les vraies nouveautés promises pour 2026.
Depuis un an, Apple a amorcé une modernisation de Siri en posant les bases d’une intelligence artificielle centrée sur la confidentialité des données personnelles mais les limites restent claires. Les fonctionnalités demeurent incomplètes, la compatibilité se limite aux appareils les plus récents, et l’assistant fait appel ponctuellement à OpenAI, en attendant peut-être demain à Google pour traiter certaines requêtes complexes. Ses performances apparaissent aussi en retrait face à Gemini ou Copilot. Apple mise donc avant tout sur la confiance, un pari audacieux dans une bataille de l’IA où la confiance se gagne lentement… mais peut se perdre en un instant. Et vous ? Apple Intelligence vous séduit-elle ou vous paraît-elle trop limitée ? Partagez vos avis en commentaire !
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Apple Intelligence semble prometteuse avec son focus sur la confidentialité, mais les limitations de compatibilité et les performances inférieures face à ses concurrents la rendent décevante, surtout pour les makers comme moi.
Apple Intelligence tente de rattraper son retard en IA, mais les limites de compatibilité et de fonctionnalités rendent son adoption moins attrayante, surtout face à des concurrents comme Google et Microsoft.
La Rédaction, merci pour cet article ! J’ai hâte de tester Apple Intelligence, même si ses limites m’inquiètent un peu. On verra si ça vaut le coup!